La Marine Marchande des F.N.F.L.
La naissance de la marine marchande des F.N.F.L.
Auteur : Yannis Kadari
Les Forces Navales Françaises Libres (F.N.F.L.) sont nées au mois de juillet 1940 par l'ordre n°1 du Vice-Amiral Muselier.
La France battue par le 3ème Reich, l'Italie en guerre, l'Angleterre restait seule à lutter contre l'axe. La situation de la France était particulièrement complexe pour les marins de la marine marchande française. D'un côté, Vichy collaborant avec l'occupant et appelant les marins à une obéissance sans faille. De l'autre, un général inconnu, exilé à Londres, dépourvu de légitimité politique, mais qui appelait les Français à le rejoindre par tous les moyens pour poursuivre la lutte aux côtés des anglais. Une poignée d'hommes, choisirent de hisser le pavillon tricolore à Croix de Lorraine à leur bord et de s'engager dans la "bataille des convois". Ils créèrent ainsi la marine marchande FNFL, officiellement constituée le 12 août 1940. Voici l'histoire de ces hommes et de leurs navires :
En juin 1940, Londres commence à appliquer des mesures coercitives à l'encontre des navires marchands français relâchant dans les ports britanniques. La chute inévitable de la France, la débâcle et l'imminence de l'entrée en guerre des italiens, amènent l'Angleterre à retenir les bâtiments français en transit vers la France ou l'Afrique du Nord. Il n'est pas question pour Winston Churchill que ces navires n'arrivent à destination pour livrer leurs marchandises. Celles-ci auraient en effet, toutes les chances de tomber entre les mains de l'ennemi. Le canal de Suez est bouclé et contrairement au droit maritime, les navires battant pavillon tricolore sont frappés d'angarie. Des équipages anglais montent à bord et occupent les points clefs des navires (machines, timonerie, etc.). Les consuls de France se plaignent, mais sans aucun succès.
Le 01 juillet 1940, on dénombre plus de 135 navires de la flotte de commerce française, dans les ports de Grande-Bretagne. L'ensemble de ces navires, tous peints en gris, représente environ 400.000 tonneaux. Ils appartiennent à diverses compagnies françaises, dont la C.G.T, les Chargeurs Réunis, Delmas, les Messageries Maritimes ou encore Dreyfus. A leur bord on distingue, un état-major dont le capitaine, la maistrance, les hommes de pont et ceux des machines. Ils sont métropolitains, bretons, normands, provençaux, basques, corses, alsaciens ou marins venus de l'Empire (Afrique, Madagascar, Tonkin...). L'état de guerre exige aussi la présence de canonniers de l'Armement Militaire des Bâtiments de Surface (A.M.B.S.), seule défense contre les éventuels raiders ennemis. Dans 23 ports d'Angleterre, d'Irlande du Nord ou d'Ecosse, les marins sont consignés à bord, les officiers désarmés, les navires immobilisés et surveillés par les unités de la Royal Navy. La situation est explosive, les marins ne comprennent pas, pourquoi l'allié anglais les retient ainsi ?
En fait, dès le lendemain du discours du Maréchal Pétain (17 juin 1940), l'Amirauté Britannique ordonne à ses navires de transmettre aux bâtiments français croisés en mer, l'ordre de "Should Proceed" et de rallier le port britannique le plus proche. Le 20 juin 1940 cet ordre est modifié en "Strongly advised not to proceed", ce qui signifie en clair, que les anglais déconseillent plus que fortement aux français de rejoindre les ports occupés par les allemands. Londres est engagé dans une course de vitesse; les Britanniques cherchent à empêcher les Allemands de mettre la main sur des navires de commerce français.
Trois jours plus tard, les Britanniques décrètent l'embargo sur la France et interdisent aux navires marchands français d'appareiller. Les choses s'accélèrent, les dés sont jetés. La mainmise de l'Amirauté britannique sur les navires français est totale. Les équipages sont débarqués, avec plus ou moins d'égard. Les hommes sont rassemblés à Londres, au "Crystal Palace" et à "l'Olympia". Le choix proposé est simple : rentrer en France ou bien alors s'engager dans la Royal Navy ou la flotte marchande anglaise. Des équipages entiers se portent volontaires pour se mettre au service des alliés, tandis que d'autres préfèrent rentrer en France. Qu'en est-il pour les navires ?
Les bâtiments sont eux purement et simplement saisis avec leurs cargaisons. Piraterie ? Non ! Londres vient d'affirmer officiellement, que la France n'est plus un pays libre et ne lui reconnaît donc plus son indépendance politique. Le gouvernement de sa majesté annonce le blocus des côtes françaises et des colonies de l'Empire. Le Ministry of War Transport (M.W.T.) , signifie aux armateurs français que leurs navires seront dorénavant, réarmés et loués "coque nue" par la Grande-Bretagne. Les comptes seront faits à la fin de la guerre... Les bâtiments de la Royal Navy ont désormais pour devoir d'arraisonner et de capturer les navires marchands et les paquebots français.
A Vichy, la situation pose un problème crucial ! Comment maintenir la cohésion de la France et de son empire, sans pouvoir assurer de liaisons maritimes régulières ? Certes le IIIe Reich autorise le trafic des navires marchands français, mais à la condition sine qua non que la France ne lui délivre un pourcentage (jusqu'à 25%) des marchandises transportées... Pendant ce temps, les navires anglais multiplient les prises au cours de leurs croisières. Les "râteaux" de la Royal Navy permettent de faire encore croître le tonnage capturé. Ces captures sont d'ailleurs involontairement facilitées par les membres allemands de la commission d'armistice qui précisent dans une note datée du 5 septembre 1940 et adressée à Vichy, que les navires français ne doivent en aucun cas, naviguer en convois, mais au contraire faire route isolement. Ils seront des proies faciles pour la Royal Navy.
De Gaulle non seulement approuve les opérations navales anglaises, mais multiplie surtout les efforts pour que les unités saisies soient réarmées le plus souvent possible par les marins de la France Libre. Il a la bénédiction et le soutien de l'Amirauté britannique et de Churchill. De ce point de vue, le recrutement des volontaires s'avère assez difficile surtout lors des premiers temps. Les Consuls de Vichy incitent les équipages à rentrer en France pour reprendre du service. Le manque de tact manifesté par les Anglais lors de certains arraisonnements en mer ne facilite pas non plus les choses. Les affaires de Dakar et de Mers el Kebir, plongent encore un peu plus les marins dans l'expectative. Dans les ports neutres, où des navires français font relâche, de véritables batailles juridiques s'engagent entre les consuls de Vichy qui réclament des autorités locales la saisie des bâtiments au nom de la France et du droit maritime et les représentants de De Gaulle. Ailleurs et dès 1940 se sont les free frenchs qui font des coups et s'emparent de navires comme le cargo italien "Capo Olmo" interné à Gibraltar.
La marine marchande des F.N.F.L. est en train de voir le jour. Elle est sous le commandement du Vice-Amiral Muselier qui avait quitté Marseille, via Gibraltar pour rejoindre la France Libre à Londres. Muselier nomme Monsieur Malglaive au poste de responsable de la marchande des F.N.F.L. sous l'égide du tout puissant M.W.T. Malglaive, installé dans l'immeuble de Berkleyst, s'attache à convaincre un maximum de marins pour qu'ils rejoignent les F.N.F.L. Il fait aussi remettre en état de naviguer certains navires peu ou pas entretenus depuis leur capture et organise l'incorporation des nouveaux venus, pécheurs de retour d'Islande ou bretons traversant la Manche de nuit. Des centaines de ces hommes périront en mer à bord de petites embarcations lors de la traversée du Channel ou seront arrêtés par les vedettes rapides allemandes basées dans les ports français.
La naissance de la marine marchande des F.N.F.L.
Auteur : Yannis Kadari
Les Forces Navales Françaises Libres (F.N.F.L.) sont nées au mois de juillet 1940 par l'ordre n°1 du Vice-Amiral Muselier.
La France battue par le 3ème Reich, l'Italie en guerre, l'Angleterre restait seule à lutter contre l'axe. La situation de la France était particulièrement complexe pour les marins de la marine marchande française. D'un côté, Vichy collaborant avec l'occupant et appelant les marins à une obéissance sans faille. De l'autre, un général inconnu, exilé à Londres, dépourvu de légitimité politique, mais qui appelait les Français à le rejoindre par tous les moyens pour poursuivre la lutte aux côtés des anglais. Une poignée d'hommes, choisirent de hisser le pavillon tricolore à Croix de Lorraine à leur bord et de s'engager dans la "bataille des convois". Ils créèrent ainsi la marine marchande FNFL, officiellement constituée le 12 août 1940. Voici l'histoire de ces hommes et de leurs navires :
En juin 1940, Londres commence à appliquer des mesures coercitives à l'encontre des navires marchands français relâchant dans les ports britanniques. La chute inévitable de la France, la débâcle et l'imminence de l'entrée en guerre des italiens, amènent l'Angleterre à retenir les bâtiments français en transit vers la France ou l'Afrique du Nord. Il n'est pas question pour Winston Churchill que ces navires n'arrivent à destination pour livrer leurs marchandises. Celles-ci auraient en effet, toutes les chances de tomber entre les mains de l'ennemi. Le canal de Suez est bouclé et contrairement au droit maritime, les navires battant pavillon tricolore sont frappés d'angarie. Des équipages anglais montent à bord et occupent les points clefs des navires (machines, timonerie, etc.). Les consuls de France se plaignent, mais sans aucun succès.
Le 01 juillet 1940, on dénombre plus de 135 navires de la flotte de commerce française, dans les ports de Grande-Bretagne. L'ensemble de ces navires, tous peints en gris, représente environ 400.000 tonneaux. Ils appartiennent à diverses compagnies françaises, dont la C.G.T, les Chargeurs Réunis, Delmas, les Messageries Maritimes ou encore Dreyfus. A leur bord on distingue, un état-major dont le capitaine, la maistrance, les hommes de pont et ceux des machines. Ils sont métropolitains, bretons, normands, provençaux, basques, corses, alsaciens ou marins venus de l'Empire (Afrique, Madagascar, Tonkin...). L'état de guerre exige aussi la présence de canonniers de l'Armement Militaire des Bâtiments de Surface (A.M.B.S.), seule défense contre les éventuels raiders ennemis. Dans 23 ports d'Angleterre, d'Irlande du Nord ou d'Ecosse, les marins sont consignés à bord, les officiers désarmés, les navires immobilisés et surveillés par les unités de la Royal Navy. La situation est explosive, les marins ne comprennent pas, pourquoi l'allié anglais les retient ainsi ?
En fait, dès le lendemain du discours du Maréchal Pétain (17 juin 1940), l'Amirauté Britannique ordonne à ses navires de transmettre aux bâtiments français croisés en mer, l'ordre de "Should Proceed" et de rallier le port britannique le plus proche. Le 20 juin 1940 cet ordre est modifié en "Strongly advised not to proceed", ce qui signifie en clair, que les anglais déconseillent plus que fortement aux français de rejoindre les ports occupés par les allemands. Londres est engagé dans une course de vitesse; les Britanniques cherchent à empêcher les Allemands de mettre la main sur des navires de commerce français.
Trois jours plus tard, les Britanniques décrètent l'embargo sur la France et interdisent aux navires marchands français d'appareiller. Les choses s'accélèrent, les dés sont jetés. La mainmise de l'Amirauté britannique sur les navires français est totale. Les équipages sont débarqués, avec plus ou moins d'égard. Les hommes sont rassemblés à Londres, au "Crystal Palace" et à "l'Olympia". Le choix proposé est simple : rentrer en France ou bien alors s'engager dans la Royal Navy ou la flotte marchande anglaise. Des équipages entiers se portent volontaires pour se mettre au service des alliés, tandis que d'autres préfèrent rentrer en France. Qu'en est-il pour les navires ?
Les bâtiments sont eux purement et simplement saisis avec leurs cargaisons. Piraterie ? Non ! Londres vient d'affirmer officiellement, que la France n'est plus un pays libre et ne lui reconnaît donc plus son indépendance politique. Le gouvernement de sa majesté annonce le blocus des côtes françaises et des colonies de l'Empire. Le Ministry of War Transport (M.W.T.) , signifie aux armateurs français que leurs navires seront dorénavant, réarmés et loués "coque nue" par la Grande-Bretagne. Les comptes seront faits à la fin de la guerre... Les bâtiments de la Royal Navy ont désormais pour devoir d'arraisonner et de capturer les navires marchands et les paquebots français.
A Vichy, la situation pose un problème crucial ! Comment maintenir la cohésion de la France et de son empire, sans pouvoir assurer de liaisons maritimes régulières ? Certes le IIIe Reich autorise le trafic des navires marchands français, mais à la condition sine qua non que la France ne lui délivre un pourcentage (jusqu'à 25%) des marchandises transportées... Pendant ce temps, les navires anglais multiplient les prises au cours de leurs croisières. Les "râteaux" de la Royal Navy permettent de faire encore croître le tonnage capturé. Ces captures sont d'ailleurs involontairement facilitées par les membres allemands de la commission d'armistice qui précisent dans une note datée du 5 septembre 1940 et adressée à Vichy, que les navires français ne doivent en aucun cas, naviguer en convois, mais au contraire faire route isolement. Ils seront des proies faciles pour la Royal Navy.
De Gaulle non seulement approuve les opérations navales anglaises, mais multiplie surtout les efforts pour que les unités saisies soient réarmées le plus souvent possible par les marins de la France Libre. Il a la bénédiction et le soutien de l'Amirauté britannique et de Churchill. De ce point de vue, le recrutement des volontaires s'avère assez difficile surtout lors des premiers temps. Les Consuls de Vichy incitent les équipages à rentrer en France pour reprendre du service. Le manque de tact manifesté par les Anglais lors de certains arraisonnements en mer ne facilite pas non plus les choses. Les affaires de Dakar et de Mers el Kebir, plongent encore un peu plus les marins dans l'expectative. Dans les ports neutres, où des navires français font relâche, de véritables batailles juridiques s'engagent entre les consuls de Vichy qui réclament des autorités locales la saisie des bâtiments au nom de la France et du droit maritime et les représentants de De Gaulle. Ailleurs et dès 1940 se sont les free frenchs qui font des coups et s'emparent de navires comme le cargo italien "Capo Olmo" interné à Gibraltar.
La marine marchande des F.N.F.L. est en train de voir le jour. Elle est sous le commandement du Vice-Amiral Muselier qui avait quitté Marseille, via Gibraltar pour rejoindre la France Libre à Londres. Muselier nomme Monsieur Malglaive au poste de responsable de la marchande des F.N.F.L. sous l'égide du tout puissant M.W.T. Malglaive, installé dans l'immeuble de Berkleyst, s'attache à convaincre un maximum de marins pour qu'ils rejoignent les F.N.F.L. Il fait aussi remettre en état de naviguer certains navires peu ou pas entretenus depuis leur capture et organise l'incorporation des nouveaux venus, pécheurs de retour d'Islande ou bretons traversant la Manche de nuit. Des centaines de ces hommes périront en mer à bord de petites embarcations lors de la traversée du Channel ou seront arrêtés par les vedettes rapides allemandes basées dans les ports français.