Armement Eugène GROSOS (1865 - 1882)
Naissance de la COMPAGNIE HAVRAISE PÉNINSULAIRE DE NAVIGATION À VAPEUR le 16 mars 1882 (1882 - 1930)
SOCIÉTÉ D'EXPLOITATION DE LA COMPAGNIE HAVRAISE PÉNINSULAIRE DE NAVIGATION À VAPEUR le 1er juin 1930 (1930 - 1934)
NOUVELLE COMPAGNIE HAVRAISE PÉNINSULAIRE DE NAVIGATION À VAPEUR (NOCHAP) (1934 - 1968)
Naissance de la NAVALE ET COMMERCIALE HAVRAISE PÉNINSULAIRE (N.C.H.P.) le 20 décembre 1968 (1968 - . . .)
NAISSANCE DE LA COMPAGNIE HAVRAISE PÉNINSULAIRE DE NAVIGATION À VAPEUR (1882)
La fondation de la COMPAGNIE HAVR.AISE PÉNINSULAIRE se place sous le signe de deux événements de la plus haute importance : l'institution des primes à la navigation et la naissance de la politique coloniale de Jules Ferry.
Il n'est pas, en effet, sans intérêt de constater que l'année 1882, au cours de laquelle la Compagnie va voir le jour, se situe à l'époque où vient d'entrer en application la loi du 29 janvier 1881. Cette loi inaugure un nouveau système de protection qui suscite à l'origine de vastes espoirs parce qu'il répond à des craintes dont la gravité ne cessera de s'affirmer et cela durant de longues années.
Le 16 mars 1882, les statuts de la Compagnie sont déposés par devant Me Mahot Delaquerantonnais et Me Portefin, notaires à Paris.
Le siège social est fixé à Paris : 28 rue Bergère, tandis que la direction générale de l'exploitation maritime est installée au Havre, port d'attache des steamers de la Société. Le capital s'élève à dix millions de francs.
La COMPAGNIE HAVRAISE PÉNINSULAIRE DE NAVIGATION À VAPEUR a notamment pour objet l'exploitation de trois lignes assez anciennes :
• La ligne Algérienne, dont la création remonte à 1860 ;
• La ligne Péninsulaire
• La ligne de Marseille et de Port-Vendres.
Ces lignes desservent, à partir du Havre, les ports de la Péninsule ibérique, ceux de l'Algérie, ainsi que Port-Vendres et Marseille.
Les navires affectés à ces services composent une flotte de sept steamers : "VILLE D'ALGER" (1.699 Tx), "VILLE DE BREST" (1017 Tx), "VILLE DU HAVRE" (507 Tx), construits entre 1860 et 1862 par les Chantiers J. LAING, Sunderland, "VILLE DE LISBONNE", "VILLE DE MESSINE", "CONSTANTIN", "EMMA". Cet ensemble de vapeurs qui représente une jauge brute de 7.445 Tonneaux est acheté pour une somme de 2.825.000 francs.
Cette flotte n'a pas un caractère très homogène. "VILLE DU HAVRE", avec ses 507 tonnes de jauge brute et ses vingt ans d'âge, constitue l'unité la plus petite et la plus vieille, tandis que "VILLE DE LISBONNE", qui date à peine de 1881, fait figure, avec ses 1.892 tonnes, de gros cargo moderne.
"VILLE D'ALGER", dont la construction remonte à 1879, suit de près avec ses 1.544 tonnes. "VILLE DE BREST" et "VILLE DE MESSINE" se rapprochent de "VILLE DU HAVRE" en âge et en importance.
Ces navires utilisent la propulsion du vent et celle de la vapeur. La force de leur machine à vapeur représente 500 ou 900 chevaux, suivant le tonnage. Leur équipage et leur état-major comprennent au total de 22 à 28 hommes.
La COMPAGNIE HAVRAISE PÉNINSULAIRE reçoit également l'apport des commandes précédemment passées en Angleterre.
Les nouvelles unités mises en chantier, huit nouveaux vapeurs au total, sont ainsi livrés entre 1882 et 1884.
Deux sister-ships construits par J. BLUMER et R. THOMSON de Sunderland, "VILLE DE MALAGA" (1.520 Tx) et "VILLE DE TARRAGONE" (1.570 Tx), auront des destins malheureux. "VILLE DE MALAGA", vendu en 1896 à HULIN de Rouen, heurtera, le 14.08. 1987, une épave près des îles anglo-normandes ; échoué à Alderney il devra ëtre démoli sur place. Puis ce sera le "VILLE DE TARRAGONE", qui après avoir quitté le port du Havre dans la soirée du 13.11.1907, sera abordé par le vapeur "SUZANNE ET MARIE" ; coulé, il sera dépecé sur place quelques mois plus tard.
Vient ensuite la série "VILLE DE VALENCE" (1.615 Tx), "VILLE DE CADIX" (1.624 Tx) et "VILLE DE PALERME", dont le dernier est lancé en juin 1883 aux Chantiers R. THOMSON.
En décembre 1882 est lancé au Chantier J. LAING de Sunderland, le premier de deux nouveaux vapeurs, - VILLE DE METZ" (2.310 Tx) et "VILLE DE STRASBOURG" (2.312 Tx). Le dernier navire entré, en flotte est le petit "VILLE DE RIPOSTO" (1.451 Tx), construit par le Chantier anglais R. THOMSON pour assurer le service de la côte Est de Madagascar. Il devait se perdre le 29.01.1899 près de Farafangana.
En 1885, les services de la COMPAGNIE HAVRAISE s'étant très largement développés, on peut rencontrer ses navires dans le Golfe Persique, le Canal de Mozambique et l'Océan Indien.
Puis survient la conquête de Madagascar, organisée par GALLIENI (1895-1905), qui ouvre un nouveau champ d'activités. Il faut davantage de navires pour satisfaire l'augmentation du trafic, De nouveaux navires sont mis en chantier, "VILLE DE METZ" (3.265 Tx). deuxième du nom, est lancé par J. LAING de Sunderland le 23.06.1887, le premier du nom ayant été perdu le 28.08.1886. Le nouveau "VILLE DE METZ" est un excellent bateau pour son époque, avec une vitesse de 14,5 noeuds et des emménagements pour 22 passagers en première classe et 12 en seconde classe. Il est suivi en février 1888 par "VILLE DE BELFORT" (2.846 Tx). construit par le même chantier.
LES LIGNES DE LA HAVRAISE
Très rapidement la " HAVRAISE " élargit son horizon. Dès la fin de 1882, elle étend ses opérations à l'Adriatique, la Sicile. Un service mensuel régulier est créé en retour du Levant, de Smyrne à destination du Havre et de Rouen. Au début de 1884, le Conseil fait déjà état d'une ligne de Cochinchine et du Tonkin et d'une ligne des Antilles qui viennent compléter la ligne reliant Le Havre à la Péninsule Ibérique et aux ports de la Méditerranée.
C'est également à cette époque que la HAVRAISE élargit son champ d'action sur les Mascareignes en ouvrant sur Maurice et la Réunion, qui vivent encore sous l'impulsion que Mahé de la Bourdonnais leur a donnée, une ligne qui, en 1886, touche aussi Madagascar, avec départs tous les 45 jours, tous les mois à partir de 1891 et tous les quinze jours en 1901, après la conquête de la Grande Ile. Depuis cette époque, les navires de la HAVRAISE ne cessent d'assurer un trafic régulier à destination et en provenance de ces territoires de l'Océan Indien. En 1897, la Compagnie entreprend de desservir rades et ports de Madagascar, où lie peuvent faire escale les grands cargo-mixtes, par un service côtier de cabotage qui est assuré par le "TAFNA" (1.617 Tx) - acheté à la COMPAGNIE MARITIME DU PACIFIQUE, armé en juillet 1897, il sera vendu en 1899 pour devenir le grec "AKROPOLIS" - mais ce service disparaît assez vite ; il ne renaîtra qu'au cours de la deuxième guerre mondiale et subsiste encore bien modestement de nos jours.
D'autres lignes éphémères sont celles qu'en collaboration avec la COMPAGNIE MARITIME DU PACIFIQUE, la HAVRAISE inaugure en direction du Chili, du Pérou et de l'Équateur en 1889 et de Tunis en 1893.
Cette " Ligne des Mers du Sud ", malgré des vicissitudes diverses, restera en service jusqu'à la guerre de 10141/18.
Après quelques années d'exploitation satisfaisante, ce service se heurte en 1891 à des difficultés dues à la situation politique du Chili.
Le rapport du Conseil d'Administration à l'Assemblée Générale du 12 mai 1892 en fait le tableau suivant :
« Pendant l'exercice 1891, nous avons eu à lutter dans le Pacifique contre des difficultés très grandes. La guerre civile qui avait éclaté au Chili vers le mois de Janvier 1891, a duré une grande partie de l'année. Pendant cette période, ce pays. qui - fournit notre principal aliment de fret, a été bouleversé, ses ports ont été bloqués et son commerce s'est trouvé paralysé. Il en est résulté que les expéditions de marchandises d’Europe ayant diminué dans des proportions très importantes, nos steamers n'ont obtenu, à la sortie, que des chargements incomplets et, par conséquent, des frets insuffisants. L ‘émigration pour le Chili s'est trouvée complètement arrêtée ainsi que le mouvement des passagers de 1ère classe. Vu ces circonstances fâcheuses, nous avions trouvé prudent de diminuer la fréquence de nos départs pendant la période des hostilités. La conséquence de cet ensemble de choses défavorables ne nous a pas permis d'obtenir, pour ce dernier exercice, les mêmes bénéfices que précédemment ».
La situation s'aggrave encore l'année suivante par suite de la " concurrence acharnée avec les Compagnies anglaises et allemandes qui impose la réduction de certaines catégories de tarifs de 50 % ".
Cette ligne, durement frappée par la grande crise des frets des années 1893-94, doit suspendre en 1895 son activité pour quelque temps. Mais au début du siècle, les navires ont repris la route du Pacifique. Les tremblements de terre " bloquant les ports " au Chili ralentissent pendant quelque temps ce trafic mais il sera néanmoins maintenu jusqu'à la Grande Guerre en donnant des résultats satisfaisants.
Parallèlement, la ligne de l'Océan Indien, déjà considérée comme 1"'ossature " de la Compagnie, prend de l'extension.
On relève en effet dans un rapport du Conseil d'Administration de 1897 :
,, La Ligne de Madagascar, Maurice et Réunion est activement et régulièrement desservie par nos grands steamers qui y trouvent, pendant une partie de l'année, un aliment important, Mais. pendant l'entrecoupe des sucres, nous sommes forcés d'aller chercher nos retours sur la côte du Coromandel et à Bombay »,
Pendant toute cette période, la ligne sur l'Algérie continue à fonctionner normalement mais le trafic de fondation sur la Péninsule Ibérique, auquel la Compagnie doit son nom, s'amenuise d'année en année et est finalement suspendu en 1908.
En dehors de leurs lignes régulières, les navires de la HAVRAISE effectuent également des voyages assez réguliers aux Indes, à Bombay notamment, pour prendre des chargements au retour de Madagascar. Ils se rendent également en Chine, à Port Arthur, à Odessa ... Mais il ne s'agit que de voyages occasionnels sans lendemain.
C'est au cours de cette période qu'entrent en flotte les navires suivants :
- "VILLE DE METZ" [11] (3.363 Tx, 1887) et vendu en 1903 pour devenir italien puis anglais "OTTO BERG" puis japonais "DAIHOKU MARU" et "YEIFUKU MARU". Rayé vers 1931.
- "VILLE DE BELFORT" (2.814 Ty, 1888) vendu en 1900, devient italien "BALLILA" puis "CITTA DI REGGIO" puis anglais "MARITTA" ; n'existait plus en 1931.
- "OBOCK" (2.413 Tx), construit en 1884, acheté en novembre 1888, se perd en juin 1894 par abordage en Manche avec le "WILLELMA". Son équipage sera sauvé.
- "MADAGASCAR" (2.600 Tx), construit en 1890 au Chantier SWAN HUNTER de Newcastle, a été acheté durant sa finition. Démoli en mars 1910 à Stettin à la suite d'un échouement près de Gibraltar.
- "VILLE DE PARIS" (3.209 Tx), construit en 1890, quitte la flotte en 1902 pour l'Armement allemand ELLERMANN LINE où il est renommé "ALEXANDRIA". Il sera coulé pendant la première guerre mondiale.
- "VILLE DU HAVRE" [II] (3.281 Tx, 1890) devient l'anglais "LONSDALE" en 1902 puis japonais "UNKAI MARU" n'4 et "HEISHIN NIARU". Rayé des listes vers 1930.
En juillet 1893 et octobre 1895, deux navires sont achetés à la COMPAGNIE MARITIME DU PACIFIQUE, le "TAFNA" (1.617 Tx), construit en 1880 par SCHLESINGER DAVIS de Newcastle, puis "PEROU" (3.066 Tx), construit par J. LAING à Sunderland. Ces deux vapeurs ne resteront en flotte que peu de temps. Ils seront vendus en 1899 et 1902.
- "ÎLE DE LA RÉUNION" (3.658 Tx, 1897), vendu en 1902 en Angleterre pour devenir "SWALEDALE" puis hollandais "RIJBERGEN" et "RIJNSBURG". Rayé des listes vers 1931.
- "VILLE DE TAMATAVE" (3.644 Tx, 1899), vendu en 1922 à ANTOINE de Marseille. En 1924, il est dépecé par un chantier du Havre.
- "DIEGO SUAREZ" (3.883 Tx, 1900) prend en 1912 le nom de "CATERINA ACCAME" sous pavillon italien. Rayé des listes en 1939.
- "DJIBOUTI" (4.305 Tx, 1901), perdu par torpillage le 28 janvier 1918.
- "VILLE DE MAJUNGA" (3.657 Tx, 1901), il se perdra par échouage sur rade de Mananjary en janvier 1928.
Naissance de la COMPAGNIE HAVRAISE PÉNINSULAIRE DE NAVIGATION À VAPEUR le 16 mars 1882 (1882 - 1930)
SOCIÉTÉ D'EXPLOITATION DE LA COMPAGNIE HAVRAISE PÉNINSULAIRE DE NAVIGATION À VAPEUR le 1er juin 1930 (1930 - 1934)
NOUVELLE COMPAGNIE HAVRAISE PÉNINSULAIRE DE NAVIGATION À VAPEUR (NOCHAP) (1934 - 1968)
Naissance de la NAVALE ET COMMERCIALE HAVRAISE PÉNINSULAIRE (N.C.H.P.) le 20 décembre 1968 (1968 - . . .)
NAISSANCE DE LA COMPAGNIE HAVRAISE PÉNINSULAIRE DE NAVIGATION À VAPEUR (1882)
La fondation de la COMPAGNIE HAVR.AISE PÉNINSULAIRE se place sous le signe de deux événements de la plus haute importance : l'institution des primes à la navigation et la naissance de la politique coloniale de Jules Ferry.
Il n'est pas, en effet, sans intérêt de constater que l'année 1882, au cours de laquelle la Compagnie va voir le jour, se situe à l'époque où vient d'entrer en application la loi du 29 janvier 1881. Cette loi inaugure un nouveau système de protection qui suscite à l'origine de vastes espoirs parce qu'il répond à des craintes dont la gravité ne cessera de s'affirmer et cela durant de longues années.
Le 16 mars 1882, les statuts de la Compagnie sont déposés par devant Me Mahot Delaquerantonnais et Me Portefin, notaires à Paris.
Le siège social est fixé à Paris : 28 rue Bergère, tandis que la direction générale de l'exploitation maritime est installée au Havre, port d'attache des steamers de la Société. Le capital s'élève à dix millions de francs.
La COMPAGNIE HAVRAISE PÉNINSULAIRE DE NAVIGATION À VAPEUR a notamment pour objet l'exploitation de trois lignes assez anciennes :
• La ligne Algérienne, dont la création remonte à 1860 ;
• La ligne Péninsulaire
• La ligne de Marseille et de Port-Vendres.
Ces lignes desservent, à partir du Havre, les ports de la Péninsule ibérique, ceux de l'Algérie, ainsi que Port-Vendres et Marseille.
Les navires affectés à ces services composent une flotte de sept steamers : "VILLE D'ALGER" (1.699 Tx), "VILLE DE BREST" (1017 Tx), "VILLE DU HAVRE" (507 Tx), construits entre 1860 et 1862 par les Chantiers J. LAING, Sunderland, "VILLE DE LISBONNE", "VILLE DE MESSINE", "CONSTANTIN", "EMMA". Cet ensemble de vapeurs qui représente une jauge brute de 7.445 Tonneaux est acheté pour une somme de 2.825.000 francs.
Cette flotte n'a pas un caractère très homogène. "VILLE DU HAVRE", avec ses 507 tonnes de jauge brute et ses vingt ans d'âge, constitue l'unité la plus petite et la plus vieille, tandis que "VILLE DE LISBONNE", qui date à peine de 1881, fait figure, avec ses 1.892 tonnes, de gros cargo moderne.
"VILLE D'ALGER", dont la construction remonte à 1879, suit de près avec ses 1.544 tonnes. "VILLE DE BREST" et "VILLE DE MESSINE" se rapprochent de "VILLE DU HAVRE" en âge et en importance.
Ces navires utilisent la propulsion du vent et celle de la vapeur. La force de leur machine à vapeur représente 500 ou 900 chevaux, suivant le tonnage. Leur équipage et leur état-major comprennent au total de 22 à 28 hommes.
La COMPAGNIE HAVRAISE PÉNINSULAIRE reçoit également l'apport des commandes précédemment passées en Angleterre.
Les nouvelles unités mises en chantier, huit nouveaux vapeurs au total, sont ainsi livrés entre 1882 et 1884.
Deux sister-ships construits par J. BLUMER et R. THOMSON de Sunderland, "VILLE DE MALAGA" (1.520 Tx) et "VILLE DE TARRAGONE" (1.570 Tx), auront des destins malheureux. "VILLE DE MALAGA", vendu en 1896 à HULIN de Rouen, heurtera, le 14.08. 1987, une épave près des îles anglo-normandes ; échoué à Alderney il devra ëtre démoli sur place. Puis ce sera le "VILLE DE TARRAGONE", qui après avoir quitté le port du Havre dans la soirée du 13.11.1907, sera abordé par le vapeur "SUZANNE ET MARIE" ; coulé, il sera dépecé sur place quelques mois plus tard.
Vient ensuite la série "VILLE DE VALENCE" (1.615 Tx), "VILLE DE CADIX" (1.624 Tx) et "VILLE DE PALERME", dont le dernier est lancé en juin 1883 aux Chantiers R. THOMSON.
En décembre 1882 est lancé au Chantier J. LAING de Sunderland, le premier de deux nouveaux vapeurs, - VILLE DE METZ" (2.310 Tx) et "VILLE DE STRASBOURG" (2.312 Tx). Le dernier navire entré, en flotte est le petit "VILLE DE RIPOSTO" (1.451 Tx), construit par le Chantier anglais R. THOMSON pour assurer le service de la côte Est de Madagascar. Il devait se perdre le 29.01.1899 près de Farafangana.
En 1885, les services de la COMPAGNIE HAVRAISE s'étant très largement développés, on peut rencontrer ses navires dans le Golfe Persique, le Canal de Mozambique et l'Océan Indien.
Puis survient la conquête de Madagascar, organisée par GALLIENI (1895-1905), qui ouvre un nouveau champ d'activités. Il faut davantage de navires pour satisfaire l'augmentation du trafic, De nouveaux navires sont mis en chantier, "VILLE DE METZ" (3.265 Tx). deuxième du nom, est lancé par J. LAING de Sunderland le 23.06.1887, le premier du nom ayant été perdu le 28.08.1886. Le nouveau "VILLE DE METZ" est un excellent bateau pour son époque, avec une vitesse de 14,5 noeuds et des emménagements pour 22 passagers en première classe et 12 en seconde classe. Il est suivi en février 1888 par "VILLE DE BELFORT" (2.846 Tx). construit par le même chantier.
LES LIGNES DE LA HAVRAISE
Très rapidement la " HAVRAISE " élargit son horizon. Dès la fin de 1882, elle étend ses opérations à l'Adriatique, la Sicile. Un service mensuel régulier est créé en retour du Levant, de Smyrne à destination du Havre et de Rouen. Au début de 1884, le Conseil fait déjà état d'une ligne de Cochinchine et du Tonkin et d'une ligne des Antilles qui viennent compléter la ligne reliant Le Havre à la Péninsule Ibérique et aux ports de la Méditerranée.
C'est également à cette époque que la HAVRAISE élargit son champ d'action sur les Mascareignes en ouvrant sur Maurice et la Réunion, qui vivent encore sous l'impulsion que Mahé de la Bourdonnais leur a donnée, une ligne qui, en 1886, touche aussi Madagascar, avec départs tous les 45 jours, tous les mois à partir de 1891 et tous les quinze jours en 1901, après la conquête de la Grande Ile. Depuis cette époque, les navires de la HAVRAISE ne cessent d'assurer un trafic régulier à destination et en provenance de ces territoires de l'Océan Indien. En 1897, la Compagnie entreprend de desservir rades et ports de Madagascar, où lie peuvent faire escale les grands cargo-mixtes, par un service côtier de cabotage qui est assuré par le "TAFNA" (1.617 Tx) - acheté à la COMPAGNIE MARITIME DU PACIFIQUE, armé en juillet 1897, il sera vendu en 1899 pour devenir le grec "AKROPOLIS" - mais ce service disparaît assez vite ; il ne renaîtra qu'au cours de la deuxième guerre mondiale et subsiste encore bien modestement de nos jours.
D'autres lignes éphémères sont celles qu'en collaboration avec la COMPAGNIE MARITIME DU PACIFIQUE, la HAVRAISE inaugure en direction du Chili, du Pérou et de l'Équateur en 1889 et de Tunis en 1893.
Cette " Ligne des Mers du Sud ", malgré des vicissitudes diverses, restera en service jusqu'à la guerre de 10141/18.
Après quelques années d'exploitation satisfaisante, ce service se heurte en 1891 à des difficultés dues à la situation politique du Chili.
Le rapport du Conseil d'Administration à l'Assemblée Générale du 12 mai 1892 en fait le tableau suivant :
« Pendant l'exercice 1891, nous avons eu à lutter dans le Pacifique contre des difficultés très grandes. La guerre civile qui avait éclaté au Chili vers le mois de Janvier 1891, a duré une grande partie de l'année. Pendant cette période, ce pays. qui - fournit notre principal aliment de fret, a été bouleversé, ses ports ont été bloqués et son commerce s'est trouvé paralysé. Il en est résulté que les expéditions de marchandises d’Europe ayant diminué dans des proportions très importantes, nos steamers n'ont obtenu, à la sortie, que des chargements incomplets et, par conséquent, des frets insuffisants. L ‘émigration pour le Chili s'est trouvée complètement arrêtée ainsi que le mouvement des passagers de 1ère classe. Vu ces circonstances fâcheuses, nous avions trouvé prudent de diminuer la fréquence de nos départs pendant la période des hostilités. La conséquence de cet ensemble de choses défavorables ne nous a pas permis d'obtenir, pour ce dernier exercice, les mêmes bénéfices que précédemment ».
La situation s'aggrave encore l'année suivante par suite de la " concurrence acharnée avec les Compagnies anglaises et allemandes qui impose la réduction de certaines catégories de tarifs de 50 % ".
Cette ligne, durement frappée par la grande crise des frets des années 1893-94, doit suspendre en 1895 son activité pour quelque temps. Mais au début du siècle, les navires ont repris la route du Pacifique. Les tremblements de terre " bloquant les ports " au Chili ralentissent pendant quelque temps ce trafic mais il sera néanmoins maintenu jusqu'à la Grande Guerre en donnant des résultats satisfaisants.
Parallèlement, la ligne de l'Océan Indien, déjà considérée comme 1"'ossature " de la Compagnie, prend de l'extension.
On relève en effet dans un rapport du Conseil d'Administration de 1897 :
,, La Ligne de Madagascar, Maurice et Réunion est activement et régulièrement desservie par nos grands steamers qui y trouvent, pendant une partie de l'année, un aliment important, Mais. pendant l'entrecoupe des sucres, nous sommes forcés d'aller chercher nos retours sur la côte du Coromandel et à Bombay »,
Pendant toute cette période, la ligne sur l'Algérie continue à fonctionner normalement mais le trafic de fondation sur la Péninsule Ibérique, auquel la Compagnie doit son nom, s'amenuise d'année en année et est finalement suspendu en 1908.
En dehors de leurs lignes régulières, les navires de la HAVRAISE effectuent également des voyages assez réguliers aux Indes, à Bombay notamment, pour prendre des chargements au retour de Madagascar. Ils se rendent également en Chine, à Port Arthur, à Odessa ... Mais il ne s'agit que de voyages occasionnels sans lendemain.
C'est au cours de cette période qu'entrent en flotte les navires suivants :
- "VILLE DE METZ" [11] (3.363 Tx, 1887) et vendu en 1903 pour devenir italien puis anglais "OTTO BERG" puis japonais "DAIHOKU MARU" et "YEIFUKU MARU". Rayé vers 1931.
- "VILLE DE BELFORT" (2.814 Ty, 1888) vendu en 1900, devient italien "BALLILA" puis "CITTA DI REGGIO" puis anglais "MARITTA" ; n'existait plus en 1931.
- "OBOCK" (2.413 Tx), construit en 1884, acheté en novembre 1888, se perd en juin 1894 par abordage en Manche avec le "WILLELMA". Son équipage sera sauvé.
- "MADAGASCAR" (2.600 Tx), construit en 1890 au Chantier SWAN HUNTER de Newcastle, a été acheté durant sa finition. Démoli en mars 1910 à Stettin à la suite d'un échouement près de Gibraltar.
- "VILLE DE PARIS" (3.209 Tx), construit en 1890, quitte la flotte en 1902 pour l'Armement allemand ELLERMANN LINE où il est renommé "ALEXANDRIA". Il sera coulé pendant la première guerre mondiale.
- "VILLE DU HAVRE" [II] (3.281 Tx, 1890) devient l'anglais "LONSDALE" en 1902 puis japonais "UNKAI MARU" n'4 et "HEISHIN NIARU". Rayé des listes vers 1930.
En juillet 1893 et octobre 1895, deux navires sont achetés à la COMPAGNIE MARITIME DU PACIFIQUE, le "TAFNA" (1.617 Tx), construit en 1880 par SCHLESINGER DAVIS de Newcastle, puis "PEROU" (3.066 Tx), construit par J. LAING à Sunderland. Ces deux vapeurs ne resteront en flotte que peu de temps. Ils seront vendus en 1899 et 1902.
- "ÎLE DE LA RÉUNION" (3.658 Tx, 1897), vendu en 1902 en Angleterre pour devenir "SWALEDALE" puis hollandais "RIJBERGEN" et "RIJNSBURG". Rayé des listes vers 1931.
- "VILLE DE TAMATAVE" (3.644 Tx, 1899), vendu en 1922 à ANTOINE de Marseille. En 1924, il est dépecé par un chantier du Havre.
- "DIEGO SUAREZ" (3.883 Tx, 1900) prend en 1912 le nom de "CATERINA ACCAME" sous pavillon italien. Rayé des listes en 1939.
- "DJIBOUTI" (4.305 Tx, 1901), perdu par torpillage le 28 janvier 1918.
- "VILLE DE MAJUNGA" (3.657 Tx, 1901), il se perdra par échouage sur rade de Mananjary en janvier 1928.