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    Le torpillage de la "Franche Comté" par l'U-99 d'Otto Kretschmer

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    Message  Earendil Lun 27 Juil - 14:57

    Le torpillage de la "Franche Comté" par l'U-99 d'Otto Kretschmer
    Auteur : Yannis Kadari
    La "Franche Comté", pétrolier français de 9.314 tonneaux, était amarrée au radoub de Saint Nazaire le 18 juin 1940, lorsque face à l'avance des panzerdivisionnen, le capitaine Guena, reçut l'ordre d'évacuer le port coûte que coûte. Conscient de la défaite du pays, ayant entendu l'appel du général De Gaulle, Guena décida contre toutes les consignes reçues de l'Amirauté de ne pas rejoindre un port français, mais de se diriger plein ouest, vers l'Angleterre. Conformément aux dispositions édictées par Londres, le bâtiment fut interné au port de Milford Haven. Il y fut officiellement angarié le 17 juillet 1940.
    Mars 1941...
    Réarmée par un équipage anglo-français, la "Franche Comté" est en mer, au sein du convoi rapide anglais HX-112, parti du Canada et à destination de la Grande-Bretagne (par les "Westerm Approaches"). Depuis plusieurs jours le convoi, escorté par cinq destroyers et deux corvettes, est harcelé par une meute de U-boote menée par l'U-99 de la 7e Unterseebootsflottille "Wegener" (basée à St Nazaire).
    Le capitaine de l'U-99 se trouve être l'un des as des sous-mariniers allemands, Otto Kretschmer. Pour cette mission d'attaque, Kretschmer est accompagné par deux autres loups gris, le très célèbre Joachim Schepke commandant l'U-100 et Fritz Julius Lemp (U-110), responsable du torpillage du S/S Athenia en 1939 ( voir le dossier "Lemp torpille le S/S Athenia"). Pour les sous-mariniers allemands, c'est encore les jours heureux, "Die Glückliche Zeit". Les alliés perdent plus de navires qu'ils n'en construisent, alors que les pertes des hommes de Karl Donitz sont limitées. Les allemands utilisent la tactique de la meute et profitent de la nuit pour attaquer les convois.

    Dans la nuit du 14, une nouvelle attaque à la torpille se produit. Tandis que la surface de l'eau est nerveusement balayée par les projecteurs des destroyers de la Royal Navy, à la recherche de sillons de torpilles ou d'un périscope, les cargos, troopships et pétroliers naviguent tous feux éteints. Les files de navires s'allongent lentement sur des miles. L'angoisse étreint les visages des hommes de la marchande. Ils savent, qu'une seule torpille suffit à les perdre corps et âmes. Dans les entrailles des navires, la salle des machines, les mécanos continuent placidement à faire tourner les moteurs : en cas de torpillage, il n'ont pratiquement aucune chance de s'en sortir vivant et ça ils le savent bien... Tous connaissent les consignes : en aucun cas, le convoi ne devra s'arrêter ou même ralentir pour récupérer des réfugiés à la mer. Seuls les navires d'escorte pourront se détourner pour sauver les marins en perdition. Pendant toute la durée de la guerre, de nombreux marins de la marchande se débâteront sans espoir, dans les eaux noires et glaciales de l'Atlantique, voyant au loin les convois s'éloigner.
    Mais la bataille continue ! A 23h30, les canonniers du cargo britannique S/S "Auris", pensant repérer un périscope juste devant la proue de la "Franche Comté", ouvrent le feu à l'aide de leur canon à tir rapide Bofor de 40 mm.
    Les coups de départ des obus illuminent les coques grises dans la nuit. Malheureusement, ces marins sont commandés par un officier inexpérimenté qui dirige le tir d'une manière hasardeuse. Ils criblent le pétrolier français de plusieurs obus qui par miracle ne touchent aucune des cuves remplis d'essence et de kérosène. A bord de la "Franche Comté", la frayeur fait place à la colère et les deux navires échangent des signaux rageurs. La nuit s'achève étrangement calme. Au levé du jour, le brouillard est au rendez-vous, comme presque tous les jours en Atlantique Nord.
    Le 16 mars, la "Franche Comté" et le convoi HX-112 poursuivent leur route en direction du Royaume-uni et double l'Islande par le Sud... Soudain à 23h55, une torpille tirée depuis l'U-99 de Kretschmer vient frapper le pétrolier ! celui-ci s'embrase immédiatement. L'ordre d'évacuation est donnée par le capitaine du navire. Les klaxons d'alerte retentissent dans tout le convoi. Les destroyers abattent sur les bords et partent à la recherche des U-Boote. Les corvettes, elles se mettent à décrire de larges cercles autour du convoi, comme des chiens de bergers autour d'un troupeau de moutons. Pendant ce temps le convoi s'éloigne. Alors que l'équipage est recueilli à bord d'une corvette d'escorte anglaise, le capitaine de la "Franche Comté", observe une diminution de l'intensité de l'incendie. Incroyable ! non seulement le pétrolier refuse obstinément de sombrer, mais en plus le feu semble pouvoir être maîtrisé ! A la tête de onze volontaires, le "pacha" remonte à bord du bâtiment. En quelques dizaines de minutes, les flammes sont éteintes. Le chef mécano et ses chauffeurs filent aux machines remettre en route le navire malgré tout sévèrement endommagé. Les pompes sont actionnées, on vidange une cuve pour corriger la gîte. La "Franche Comté" blessée repart à petite vitesse.
    Pendant ce temps sous l'eau, le Fregattenkapitän Otto Kretschmer, surnommé "Otto le silencieux", poursuit sa traque et coule cette même nuit cinq navires (34.485 tonneaux). En quelques jours il aura envoyé par le fond dix bâtiments du HX-112 et endommagé la "Franche Comté" ! il écrit d'ailleurs dans son carnet de bord, que le pétrolier lui semble être mortellement touché. Mais cette patrouille sera la dernière pour Kretschmer comme pour son "Kamarad" Schepke...
    Minuit passé, nous sommes maintenant le 17 mars.
    Il est environ 03h00, Schepke fait activer les diesels de son bâtiment. Le sous-marin navigue en surface et donne 18 nœuds, guidé par les bruits d'hélices du convoi, comme un requin par sa proie. Dans la nuit noire et le brouillard, Joachim Schepke, se tient dans le kiosque de son U-boot, son équipage est en alerte, les torpilles sont dans leurs tubes. Pourquoi lui aussi ne participerait-il pas à la curée ? Après tout il a tout autant le droit que Kretschmer d'achever ce convoi ! bientôt... bientôt il pourra s'immiscer entre les files de cargos et les attaquer au canon et à la torpille ! Il ne risque rien dans cette purée de poids, comment pourrait-on le repérer ? Ce que Schepke ne sait pas c'est qu'à bord du destroyer britannique HMS "Vanoc", un jeune opérateur radar guide son capitaine vers l'U-100. Le radar est récent et peu fiable mais à cette distance, il est suffisamment performant pour détecter le U-Boot... 200 mètres, 100 mètres, 50 mètres, trop tard, le sous-marin est éperonné par le HMS "Vanoc" lancé à pleine vitesse ! la coque du bâtiment anglais heurte la "baignoire" du U-boot, dans un bruit d'acier déchiré, tuant sur le coup le Kapitän. Endommagé, l'U-100 plonge en catastrophe, espérant échapper aux destroyers anglais. Mais il est coulé en quelques minutes par les grenades sous-marines des destroyers HMS "Walker" et HMS "Vanoc". Six marins allemands survivront.
    Il est 03h18, la légende de Schepke vient de s'achever...
    A 03h43, le U-Boot océanique de Kretschmer (de type VII) est à son tour mortellement endommagé par le destroyer HMS "Walker" qui le force à plonger et le grenade furieusement. Le U-99 fait surface, blessé à mort. 40 marins, dont Kretschmer parviendront de justesse à quitter le sous-marin avant que celui-ci ne sombre par 61°N et 12°O. Kretschmer finira la guerre en captivité. En 30 minutes, la Kriegsmarine venait de perdre deux de ses meilleurs capitaines de U-boot.
    De son côté, escortée par son ange gardien la corvette HMS "Blue-Bell", la "Franche Conté" rentrera au port à vitesse réduite, rejoignant l'embouchure de la Clyde au Royaume-uni.

      La date/heure actuelle est Ven 26 Avr - 14:27